Vos ordinateurs peuvent aider la lutte contre la malaria

Linn Levy
15 July 2006

Sans bouger le petit doigt, vous pouvez aider à combattre l'un des plus grands défis humanitaires, qui décime aujourd'hui le continent africain: le paludisme (malaria en anglais).

Grâce à votre ordinateur, vous pouvez participer à un projet révolutionnaire né en Suisse. C'est une première à Genève. Des chercheurs du CERN, d'ONG genevoises - Informaticiens sans frontières et ICVolontaires -, de l'Université de Genève et de l'Institut tropical suisse de Bâle, ont mis en commun leurs connaissances pour faire avancer la recherche sur la malaria, une maladie qui tue plus d'un million de personnes chaque année. De cette coopération est né un projet inédit: Africa@home.

Malaria virtuelle

Chacun peut aider à lutter contre le paludisme. Il suffit pour cela d'avoir un ordinateur. Lorsqu'elle est en mode «veille», votre machine pourra ainsi effectuer de précieux calculs pour faire avancer la recherche. Ce, sans que vous n'ayez rien à faire.

Il y a quelques années, l'Institut tropical suisse a développé un modèle informatique permettant de reproduire la transmission de la malaria. Grâce à cette simulation par ordinateur, il devient possible d'analyser les conséquences de la maladie sur une population. Ce système aide les chercheurs à trouver les stratégies optimales pour l'utilisation de moustiquaires imprégnées, de la chimiothérapie ou de nouveaux vaccins actuellement à l'essai. «Grâce à ce programme, on pourra aussi évaluer les coûts économiques, sociaux et humains de la malaria», souligne Nicolas Maire, chercheur à -l'Institut tropical suisse. Or, pour donner des résultats probants, ce système exige une puissance de calcul immense et un travail intensif des ordinateurs. Mais les ressources manquent. «D'où l'idée de faire participer la population à cette aventure, explique le professeur Christian Pellegrini, directeur du département informatique à la Faculté des sciences de l'Université de Genève. Et c'est là que le concept de «calcul volontaire» entre en jeu.»

Nouveau serveur

Il suffit à chacun de télécharger un logiciel gratuit sur son ordinateur. Celui-ci effectuera les calculs scientifiques essentiels. Une fois les données traitées, le programme renvoie les résultats au serveur et télécharge de nouvelles données à traiter. «Les privés n'ont rien d'autre à faire, explique Silvano de Gennaro, d'Informaticiens sans frontière, une ONG basée à Genève. Car vos ordinateurs sont cent fois plus puissants que ce que vous utilisez habituellement.»

Aujourd'hui, c'est le CERN qui abrite le projet et le RUIG, le Réseau universitaire international de recherche, qui a apporté son financement. «Pour l'instant, nous n'avons qu'un serveur à disposition, souligne le professeur Christian Pellegrini. Et nous sommes à la recherche d'un deuxième.»

Partenariat avec l'Afrique

«Nous tenons absolument à ce que l'Afrique participe», souligne Viola Krebs, directrice et fondatrice de Volontaires internationaux de conférences (ICVolontaires), une ONG basée à Genève qui recrute des volontaires pour des projets internationaux. La plateforme Africa@home ne doit pas être un nième programme humanitaire occidental parachuté sur le continent africain, comme l'explique la jeune femme.

«Dès le début, de jeunes chercheurs africains ont contribué à ce projet. Et nous travaillons pour une collaboration accrue avec des universitaires qui travaillent en Afrique.» Des partenariats existent notamment déjà avec les Universités de Bamako et de Dakar.

Linn Levy, Tribune de Genève

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